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Coup de projecteur sur – Alex Buisse
La guide et skieuse extrême Vivian Bruchez lors de la décente en rappel de la Dent du Géant au coucher du soleil, Chamonix, France.
Comment avez-vous débuté dans la photographie ?
J’ai commencé la photo peu après mes vingt ans, quand j’ai découvert l’escalade. J’utilisais au départ un petit appareil photo très simple. Je me rappelle avoir été frustré par le décalage entre les scènes incroyables auxquelles j’assistais au cours de mes aventures et les photos ternes que j’en rapportais. J’ai commencé à prêter plus d’attention au travail photographique et à emporter avec moi un reflex numérique pour la plupart de mes expéditions. Cela m’a motivé à pousser mes aventures toujours plus haut et toujours plus loin; Quelques années plus tard, j’ai quitté mon travail dans l’informatique pour devenir photographe à plein temps.
Deux parapentistes près du Montenvers après avoir survolé la Vallée Blanche, Chamonix, France.
Un skieur contemple la Vallée Blanche depuis le pied de la chaîne de l’Aiguille du Midi, Chamonix, France.
Deux escaladeurs regardent vers l’Italie sur le Col du Tour Noir, Chamonix, France.
Quel type de photographie prenez-vous et qu’est-ce qui vous a motivé à vous concentrer sur ce genre ?
Mon premier amour, celui pour lequel je suis le plus connu, est la photo d’aventure dans toute sa diversité : alpinisme, parapente, VTT, trail, base-jump… Je pratique la plupart de ces sports moi-même (à l’exception notable du base-jumping) à des niveaux variés. Je crois que c’est indispensable pour être photographe d’aventure. Savoir accéder aux lieux les plus reculés et suivre tant bien que mal les athlètes que je photographie est crucial pour raconter des histoires.
Ces cinq dernières années, je me suis également lancé dans la photographie humanitaire, en particulier dans les reportages sur les réfugiés et sur le développement. Il était devenu important pour moi de diversifier mes sujets et ma façon de les raconter. Cela m’aide à apporter un aspect plus propre, un peu plus commercial, aux reportages humanitaires et, par ailleurs, un côté plus humain à mon travail d’aventure.
Mich Kemeter escalade en solo intégral (sans corde) la dernière longueur des Marches du Temps, 300 mètres au-dessus des Gorges du Verdon, France.
Jen Olson escalade de nuit la deuxième longueur de la fameuse cascade gelée «Lau Bij», Cogne, Italie.
Une silhouette solitaire au camp de base de Pokalde, devant l’Ama Dablam enveloppé par la brume, Khumbu, Népal.
Quel a été le plus grand accomplissement ou le plus grand obstacle que vous ayez rencontré lors de votre parcours ?
L’un des accomplissements dont je suis le plus fier est d’avoir réalisé deux couvertures du fameux catalogue Patagonia. L’approche que cette marque a de l’aventure et leur amour de la photographie ont été une inspiration majeure lorsque je me suis lancé. Autre grande réalisation : les Jeux Olympiques de Rio en 2016. J’étais missionné sur quelques épreuves par des magazines français, mais j’ai fini par photographier tout ce que je pouvais. J’ai pris 46 000 images lors des Jeux ! Je devais couvrir les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 pour le compte de la Fédération d’Escalade, mais le COVID-19 en a décidé autrement !
L’un des plus grands obstacles que j’aie pu rencontrer en cherchant à gagner ma vie en tant que photographe est le besoin constant de me réinventer. Il n’y a pas de « sommet » à atteindre, un endroit où il vous suffirait de vous reposer et d’attendre que le travail vienne à vous. Vous devez rester en réflexion constante, inventer des choses auxquelles personne n’a encore pensé et distinguer votre travail. C’est passionnant et épuisant ; tout dépend de mon humeur du jour.
Un camp destiné aux alpinistes s’attaquant à la Dent du Géant, près des Aiguilles Marbrées, Chamonix, France.
Nic Mullin descend de l’Aiguille du Plan vers l’Aiguille du Midi et le Mont Blanc du Tacul, Chamonix, France.
Un splitboarder sur le Glacier du Géant dans une tempête, Chamonix, France.
Par qui ou par quoi êtes vous le plus inspiré ?
Une grande partie de mon travail est inspirée par les photographes d’aventure qui m’ont précédé, comme Pierre Tairraz, Mario Colonel ou Monica Dalmasso à Chamonix ou Jimmy Chin, Galen Rowell et Cory Richards aux États-Unis.
Mais j’ai une dette énorme envers certains très grands photographes documentaires : David Burnett, Éric Bouvet, Nick Ut, Don McCullin, Chris Hondros, Carol Guzy ou Tim Hetherington. Je suis également très inspiré par les œuvres plus contemporaines de Danielle Villesana, Kiliii Yuyan et Ismail Ferdous.
Deux alpinistes au sommet des Aiguilles Marbrées admirent le panorama de la face Est du Mont Blanc, Chamonix, France.
Vue aérienne des Aiguilles de Chamonix au coucher du soleil, Chamonix, France.
Une équipe d’athlètes réfugiés rentre au camp de réfugiés de Kakuma, au Kenya.
Quelle est votre démarche ? Existe-t-il un aspect que vous cherchez à réaliser lors de vos prises de vue (par exemple, créer certaines émotions, etc.), ou y a-t-il des techniques spécifiques que vous utilisez ?
Mon premier principe est de me concentrer sur les émotions que ressent la personne que je photographie. Aujourd’hui, je m’intéresse beaucoup plus au côté humain qu’aux mouvements extrêmes ou à l’action proprement dite.
Une équipe encordée escalade les Aiguilles d’Entrèves, devant un Val d’Aoste englouti sous les nuages, Chamonix, France.
Pourquoi la précision des couleurs est-elle importante dans votre travail ?
Il est très important pour moi de reproduire honnêtement la scène, qu’elle soit conforme à mes souvenirs. J’utilise également beaucoup les couleurs dans mes compositions pour mettre l’accent sur les éléments qui doivent attirer l’attention.
Mes photos d’aventure m’emmènent souvent en haute montagne, où les paysages peuvent être assez monochromes entre la neige, le ciel et les rochers. N’importe quel touche de couleur se démarque. Il est donc particulièrement important que ces couleurs soient d’une précision totale.
Alex utilise un SpyderX pour contrôler ses couleurs
Une équipe de coureurs traverse l’immense glacier Tyndall au premier jour de la Patagonian Expedition Race 2013, Torres del Paine, Chili.
Des conseils ou des astuces pour les photographes qui débutent leur carrière ?
Je recommanderais de prendre beaucoup de photos, dans de nombreux domaines, jusqu’à trouver ce qui vous passionne réellement. Et même lorsque vous aurez trouvé votre sujet de prédilection, continuez à prendre des portraits, des voitures, des aliments, de l’événementiel… Et ce même si vous voulez vous consacrer aux paysages. Cela vous aidera non seulement à affiner votre œil, mais cela vous donnera également de nouvelles idées qui vous aideront à photographier vos sujets préférés.
A propos de l’auteur – Alex Buisse
Qu’il s’agisse d’un coureur en pleine concentration avant une course olympique, d’un réfugié qui devient la première personne de son village à recevoir un diplôme universitaire ou d’un grimpeur qui regarde la montagne à laquelle il va devoir se mesurer, je crois que les émotions sont un fil conducteur humain universel. Chaque fois que je prends mon appareil photo, je cherche à raconter une histoire le plus honnêtement possible.
Je suis reconnaissant à la photographie de m’avoir donné l’occasion de vivre des expériences exceptionnelles. La liste est trop longue pour en donner une image exhaustive, mais je peux citer mon passage du Cap Horn, la cérémonie éthiopienne du café à laquelle j’ai été invité dans le camp de réfugiés de Dadaab, mon travail autour d’Usain Bolt aux Jeux Olympiques, mes sorties à ski au Pôle Nord, le baptême de trois (petites) montagnes au Groenland, ma course en Terre de Feu, l’escalade du K2 ou l’hélitreuillage de nuit depuis un hélicoptère de secours. J’ai hâte de connaître la suite !
Type de photographie : aventure, paysages, humanitaire
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